vendredi 12 décembre 2008

Fiction et Réalité

Lu dans le train ce soir :

"Quel charme étrange, quelle fascination, exerce le mot voyage ! Et quelle magie que ce voyage lui-même ! Temps clair, feuilles d'automne, air piquant... On s'enveloppe frileusement de son manteau, on enfonce son bonnet jusqu'aux oreilles, on se blottit dans un coin de la voiture. Le frisson qui tout à l'heure vous parcourait les membres s'est changé en une douce chaleur. Les chevaux galopent... Une agréable somnolence vous envahit, les paupières se ferment, on perçoit comme en rêve la chanson du postillon, le bruit des roues, le halètement des chevaux; - et déjà on ronfle appuyé sur l'épaule de son voisin."

Extrait du livre : Les âmes mortes, de Nikolaï Gogol.


Vécu dans le train ce soir :

Quelle triste banalité, quel ineffable ennui subi en revenant chez soi ! Et quelle morosité que ce trajet lui-même ! Nuit prématurément tombée, lueurs de la ville, air pollué... On se plonge tant bien que mal dans un roman, on s'enfonce dans son siège, on essaie de faire abstraction du monde tout autour. La fatigue de la journée passée profite de la chaleur ambiante pour vous assaillir. La locomotive avance aveuglément, guidée par ses rails... Assomé par une épuisante journée, vos paupières se ferment, se fondent en une rumeur oppressante les bruits mélangés des conversations, des sonneries de téléphones, du train qui avance; - et déjà votre voisin vous reproche froidement de vous assoupir sur son épaule.