lundi 22 juin 2009

Choix

Ami lecteur, apprête-toi à lire une confidence.

J'ai un défaut. Je m'intéresse à beaucoup de choses.

Ok. Vous n'avez pas tort, ça n'est pas réellement un défaut. Mais c'est handicapant !

Je connais des gens qui n'ont, grosso modo, qu'un centre d'intérêt. Ils s'y investissent à fond, et leur objectif est de toujours s'améliorer, de devenir un expert absolu. Et qu'importe s'il s'agit là de l'oeuvre de toute une vie, puisque rien d'autre ne vaut la peine d'être vécu à leurs yeux !

Et moi, ça me fait envie, ce sentiment de maîtrise, cette compétence extrême. Je deviendrais une référence, une sommité. Rien de ce qui entre dans mon champ d'activité ne serait impossible, j'aurais la réponse à tout.

Je connais des gens curieux, ils apprennent des tas de choses, n'hésitent pas à se lancer dans une voie opposée à la précédente, ils peuvent entrer dans chaque sujet de conversation sans jamais n'être vraiment largué, et pourront se dépatouiller dans nombre de situations, grâce à leur polyvalence.

Et moi, ça me fait envie, cet éclectisme, ce côté touche à tout, qui ferait que, quelle que soit ma situation de la vie quotidienne, chez moi, au travail, avec des amis, à l'étranger, je pourrai trouver de quoi m'occuper, je saurais baragouiner quelques phrases dans la langue de mon interlocuteur, je pourrais cuisiner un petit plat plutôt bon, je pourrais participer à la conversation sur l'Antiquité, je pourrais faire visiter des endroits intéressants de ma ville, je pourrais rire à la blague du logarithme et de l'exponentielle qui se rencontrent, je pourrais confectionner un petit programme pour faciliter mon boulot, ou me créer un petit site web original...

Je connais aussi beaucoup de monde qui, décidément, ne sont intéressés par rien. Mais ça, ça ne me fait pas envie.

C'est après la douloureuse obtention de mon DUT en Gestion d'Entreprises et Administrations, que je me suis juré que désormais, ma vie serait intéressante. Ca fait trois ans maintenant, et c'est plutôt réussi. Bilan, deux années en Slovénie, pour apprendre la langue locale et découvrir une culture inconnue, mais aussi enseigner le français, voyager autour, rencontrer du monde, ... Et une année de formation dans le domaine de la programmation de sites web. Rien à voir !? Peu importe, les deux m'ont intéressé.

Et maintenant ? J'aimerais perfectionner mon slovène, le parler couramment. J'aimerais apprendre d'autres langues slaves. J'aimerais apprendre d'autres langues européennes. Et pourquoi pas envisager la traduction ?

Et maintenant ? J'aimerais approfondir mes compétences en programmation. Langages connus et langages inconnus doivent devenir des langages maîtrisés. Mon imagination ne doit pas être bridée par des connaissances techniques trop approximatives.

Et maintenant ? J'aimerais reprendre le piano. J'en ai fait toute mon enfance, j'ai une bonne oreille, bonne pour les reprises et l'impro, bonne pour la composition. Je ne peux pas me satisfaire du pianotage actuel, qui transpire le potentiel inexploité.

Et maintenant ? J'aimerais voyager, j'aimerais reprendre le sport, j'aimerais améliorer ma culture, j'aimerais lire plus, j'aimerais explorer les tréfonds de "La vie mode d'emploi", j'aimerais lire Dickens en anglais, Dostoïevski en russe, j'aimerais écrire, j'aimerais mieux maîtriser les logiciels graphiques, j'aimerais bien apprendre à dessiner, j'aimerais mieux connaître l'histoire du Monde (car l'histoire de France que l'on nous a enseignée donne un point de vue bien peu objectif ni global...), je veux maîtriser la lecture rapide, j'ai pas mal d'idées de sites, de blogs, de jeux, de toutes sortes de choses, que je me suis dit de ne pas laisser tomber, j'ai une vie sociale à assurer aussi, j'adorerais me remettre à la piscine, apprendre à mieux cuisiner,... ... ... ...



Vous avez saisi le problème ? Quelques dizaines d'années à vivre, quelques milliers d'années d'activité à caser dedans. Je n'arrive pas à me satisfaire d'à peu près, mais de là à envisager des concessions... Mais le pire, c'est qu'en attendant, le risque, c'est de stagner, de ne pas prendre de décision, et de tout compromettre.

mercredi 17 juin 2009

Vends maison où je ne veux plus vivre

Une chose qu'il me faudrait faire plus souvent, c'est rédiger le compte rendu de mes lectures. Et pourquoi pas les publier ?

Globalement, la majorité des livres que je lis le mériteraient, mais au final, j'oublie de le faire.

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Mais aujourd'hui, j'y pense ! Et de surcroit, je viens d'en finir avec la lecture de Vends maison où je ne veux plus vivre, de l'écrivain tchèque Bohumil Hrabal !


Qu'est-ce ?

Je définirais ce livre, comme un recueil de nouvelles atypique. Le terme de "nouvelle" me dérange, car, si les histoires sont bien distinctes, elles n'en sont pas moins reliées. Mais peu importe. Le cadre, c'est une Prague communiste, avec tout ce que cela implique de propagande, de dénonciations, de pauvreté, d'humour noir.


Ce que je retiens de cette lecture ?

C'est le génie dont fait preuve l'auteur pour rendre l'horrible anodin, pour mettre la douleur sur le même plan que les petits bonheurs quotidiens, de nous faire rire malgré le tragique de la situation. Il ose superposer le poétique et le vulgaire, et ne passe jamais à côté du détail qui donne à la situation son côté pathétique.

Et au final, c'est toujours au second plan que la fille éméchée se fera violer, que la femme se fera battre par son mari, que l'ouvrier se fera étrangler par un câble d'acier brûlant. Ce que le lecteur suivra principalement sera le débat sur l'avenir du monde que se livrent les camarades du violeur, ou le récit d'une vie quotidienne banale, décrivant l'aspect répétitif de la vie du narrateur.


Des extraits !

"Eh bien, messieurs, avec tout ce que vous m'avez dit toutes ces années, moi, je vais écrire un roman. Et s'ils ne veulent pas le publier, je l'enverrai à la police, ça fera toujours une dénonciation"

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Et je rentre à la maison, ma fille blême de terreur, ma femme aussi, en mangeant elles renversent des cuillerées de soupe sur la nappe, [...], mais moi tout cela me réjouissait, me faisait sourire ; elles étaient plus abasourdies que si je m'étais mis à hurler, à menacer, à frapper, et là où je leur ai fait le plus peur, c'est quand j'ai apporté la boîte. [...] Dedans, des gâteaux, des choux à la crème, je leur tends la boîte, mais ma femme et ma fille vont se plaquer contre la cloison, [...] elles étaient là avec ces gâteaux que je leur avais apportés pour la première fois, elles avaient chacune à la main un chou à la crème, mais elles étaient incapables d'en avaler une bouchée.

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Et quoi de mieux, pour clôturer la symphonie pathétique de Tchaïkovski, que cette réplique haineuse, lancée par un groupe de vieilles femmes frustrées :

"Toutes ces femmes à gros nichons, en taule ! Leur couper les mains. Leur arracher la langue. Les envoyer chez le vétérinaire, les faire castrer !"

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Je ne m'attendais à rien de spécial en entamant cette lecture, ne connaissant rien de Hrabal. Et c'est ainsi que j'ai pu être pleinement surpris. Au début, c'était plutôt une incompréhension mêlée de révulsion... "Mais, c'est horrible, ce qu'il vient de dire sur un air anecdotique !?" Parfois, on a l'impression déroutante de sauter du coq à l'âne. Ensuite, on commence à saisir l'étendue de la recherche littéraire, dramatique, qui donne à l'ouvrage son côté burlesque, pathétique, hillarant, ou amer.

jeudi 11 juin 2009

Une année, des réalisations

L'année scolaire se clôt. Une année bien plus remplie que je ne l'aurais imaginé. Une année pendant laquelle j'ai découvert un monde qui m'était inconnu : celui de la programmation, et plus spécifiquement, du développement web.

Que signifie-ce ? Au-delà de ces acronymes barbares que l'on croise partout au fil des cours, XHTML, CSS, PHP, XML, AJAX, WML, XSLT, ou autres noms en -script, tels que Javascript ou Actionscript, j'ai pu trouver une activité qui n'était finalement pas si différente que celle que j'exerçais jusque-là : l'apprentissage de langues étrangères.

Le but ici, c'est de communiquer avec l'ordinateur, en lui écrivant dans une langue, une syntaxe qu'il comprendra bien. C'est parfois frustrant, il est souvent difficile de comprendre où est l'erreur. Mais c'est toujours gratifiant de voir qu'on a saisi la logique, qu'on a créé quelque chose qui fonctionne.

Le but est aussi de communiquer avec l'humain, qui au final sera ammené à manipuler l'application programmée.

Et c'est cette approche littéraire qui m'a permis de bien appréhender cet apprentissage. D'autres s'y épanouiraient plus avec une approche mathématique, mais qui, au final, n'est pas nécessaire, selon moi.

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Je vous invite à découvrir deux des projets que j'ai pu réaliser cette année.

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Le premier d'entre eux, est un Tétris réalisé en javascript, que vous trouverez à l'adresse suivante :


Maîtriser une langue permet de jouer avec ses mots, de se faire plaisir. Il en est de même avec le code. Avec ce Tétris je me suis amusé. Il représente pour moi beaucoup plus qu'un jeu irritant. Je me suis amusé à y cacher de nombreux détails, parfois difficiles à apercevoir, ou à inventer des fonctionnalités supplémentaires. J'ai conçu son design à partir de mes talents de graphiste limités, mais avec un souci constant de rendre le tout étrange, voire drôle, pour qui aura un humour semblable au miens.

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Le deuxième projet est un ensemble d'animations en flash, sur le thème de la présentation d'un artiste ou d'une oeuvre de notre choix.

Affectionnant l'art de Georgio de Chirico, j'ai profité de la présence de l'exposition parisienne qui lui est consacré, pour essayer d'entrer dans son monde, à ma façon, en me penchant plus spécifiquement sur ses places italiennes dénudées.
La partie "dialogue" du projet est celle qui me tient le plus à coeur. Il s'agissait d'imaginer ce que pouvaient bien se dire les deux éternels hommes, présents au fond de chaque place, qui semblent discuter, d'un sujet qui ne pourrait être banal.
Les autres parties étaient surtout présentes pour répondre aux contraintres imposées par notre professeur, mais elles ont toutefois un intérêt. Le poeme est celui de Paul Eluard, consacré au peintre. Il décrit selon moi à merveille ce monde que l'on ne peut pas vraiment comprendre. Il était indispensable qu'il figure dans mon projet.
Je suis assez fier de la musique de fond. Elle est toute simple, mais elle colle bien à l'ambiance. Et le fait de l'avoir "composée" moi-même ajoute ma petite emprunte artistique à cette réalisation en lignes de code.
Vous trouverez cette animation ici :


J'espère que vous apprécierez mon modeste travail, et que vous saurez garder à l'esprit qu'il ne s'agit que d'un début !


N'hésitez pas à laisser vos impressions sur le livre d'or.